lundi 1 février 2010

Rêve brisé

Aujourd'hui Barack Obama a annoncé un budget de 3.8 trillions de dollars, accompagné d'un déficit record de 1.6 trillions. La politique affichée est un soutien massif à l'économie et à l'emploi. Ce budget annonce aussi le renoncement au programme de la NASA de retour vers la Lune, première étape vers une exploration humaine du système solaire en commençant par Mars.

Lorsqu'on le met en perspective avec la déclaration de J.F. Kennedy en 1961 lançant la conquête de la Lune, ce renoncement démontre un grand courage politique, n'est ce pas le risque de montrer que les États-Unis ne sont finalement qu'un géant aux pieds d'argile qui finit par courber l'échine face aux difficultés économiques. On est loin de l'exhibition de muscles du passé. C'est probablement une décision mûrement pesée, basé sur une estimation réaliste des coûts, donc finalement tout le contraire de l'annonce tonitruante de 1961. On voit là que les États-Unis ont radicalement changés et que l'élection de Barack Obama marque un tournant majeur.

Du point de vu strictement scientifique, on ne peut pas regretter ce choix, l'exploration spatiale au moyen de sondes automatiques est bien plus efficace qu'une exploration humaine qui sera forcément limitée en raison des risques et de l'inadaptation des humains au milieu spatial.

Malheureusement on se rend compte qu'une bonne partie de l'argent économisé va servir à maintenir en service la Station Spatiale Internationale (ISS) au-delà de 2015, date initialement prévue de son abandon. Or, le moins que l'on puisse dire, c'est que le programme scientifique de l'ISS est très léger vis-à-vis des investissements réalisés. Songez: le coût de l'ISS est probablement voisin de 100 milliards de dollars ! N'importe quelle évaluation scientifique basée sur tous les indicateurs possibles et inimaginables conclurait au fiasco. Les seuls projets qui vont probablement  apporter un retour scientifique majeurs sont AMS (Anti Matter Spectrometer) destiné notamment à rechercher l'anti-matière dans l'univers  et qui devrait être installée sur la station cet été, ainsi que JEM-EUSO version japonaise d'un projet abandonné puis ressuscité de détection de particules cosmiques d'ultra hautes énergies. Le but de la station spatiale était tout sauf scientifique, il fallait à tout prix maintenir la compétence de l'ex Union Soviétique dans le domaine spatial et éviter la fuite des cerveaux. Ceci a parfaitement réussi, n'oublions pas qu'une grande partie des transferts entre la Terre et l'ISS se fait grâce aux vaisseaux Soyouz et aux cargos Progress, à tel point que seuls les Russes pourront envoyer des humains sur l'ISS après la mise à la retraite des navettes. En dehors de l'aspect géopolitique Il faut aussi reconnaitre que l'ISS est une formidable aventure humaine à l'échelle mondiale.

Pour moi qui enfant émerveillé, ai entendu à la radio qu'un homme avait marché sur la Lune un certain jour de l'été 69, c'est une certaine tristesse que je ressens à l'annonce de ce renoncement. Un peu comme un rêve qui s'éloigne, un rêve d'espace, d'astres lointains et d'aventures. Espérons que ce n'est pas là un signe d'une humanité qui se renferme et qui perd ses rêves...

Barack Obama et ses conseillers souhaitent un transfert des technologies dominées par la NASA vers des entreprises privées. Il est certain que les lancements de satellites commerciaux sont à la portée du privé car il y a un modèle économique solide. Mais qu'en sera-t-il de l'exploration ? Quelles entreprises, quels mécènes seront capables de se lancer dans l'aventure ?

2 commentaires:

  1. Je partage cette tristesse. Je peux comprendre le gel de ce programme pour que l'argent aille vers des causes qui peuvent sembler plus importantes au vu du public, comme pour l'emploi par exemple. De plus cela marque comme tu l'as dit que l'Amérique montre un peu moins les muscles.
    Mais quand même, ce projet avait de la gueule, il avait de quoi envoyer du tres tres lourd. Malheureusement ce ne seront pas les Européens qui lancerons l'exploration heumaine de l'espace. Je n'aime pas me ramener à l'histoire mais les gens qui habitent actuellement sur le vieux continents sont les descendants de ceux qui sont partis explorer un monde nouveau : l'Amérique. Nous sommes resté alors que les aventuriers sont partis. je ne rois pas que cela soit dans nos mentalités de mener à bien une telle exploration.

    La chine sera a mon avis la prochaine nation a avoir un projet de la sorte, elle cherche tellement a etaler sa puissance...
    Je crois que des programmes spatiaux de cette ampleur, ou n'importe quel autre immense projet peut ammener à se dépasser et avoir des retombées scientifiques bien plus grandes que celles faites par trois astronautes sur un bout de cailloux : combien de recherches et de découvertes scientifiques faut-il pour envoyer ces trois hommes sur ce bout de caillou ?

    L'ISS = 1 an de guerre en Irak (costofwar.com), ca me fait réfléchir.
    Envoyer des hommes sur la lune, combien d'anées de guerre en Irak ? *certainement pas beaucoup :-(

    En ce qui concerne avec le partenariat avec le privé, je ne vois pas bien quel peut etre le modele economique : le tourisme ?

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  2. Tiens, en parlant de retombées inattendues pour la recherche spatiale : je viens de recevoir mon oreiller à mémoire de forme et il a été developpé par la Nasa. Question : avec les royalties, combien d'oreiller doivent-etre vendus pour une station spatiale ? :-)

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