L'invraisemblable marée noire qui frappe le golfe du Mexique pointe l'absurdité de la course au pétrole. L'exploitation du pétrole qui devrait normalement avoir pour but d'apporter un bien à l'humanité n'est finalement qu'une gigantesque affaire d'argent pour le bénéfice de quelques uns. Vous penserez peut-être que ce ne sont là que des lieux communs ou des évidences, mais quand on y regarde de plus près, on se rend compte que la réalité dépasse de très loin les pires scénarii qui puissent être imaginés. L'article de l'Associated Press disponible ici révèle qu'il y a actuellement 23 500 puits dans le golfe du Mexique qui sont définitivement scellés et abandonnés. 3500 sont classés comme temporairement abandonnés, mais parmi ceux-ci bon nombre sont restés tels quels depuis des dizaines d'années sans avoir été scellés proprement. Le risque est donc grand que la corrosion aidant, certain de ces puits finissent par fuir. L'article mentionné prétend que certains puits sont temporairement abandonnés pour de simples raisons économiques, histoire d'attendre que le prix du baril soit suffisamment élevé pour que leur exploitation redevienne rentable !
Cette marée noire particulièrement médiatisée puisqu'elle touche le pays le plus riche de la planète, a été l'occasion pour la presse de s'intéresser à des régions du globe nettement moins favorisées. Par exemple, on apprend ici que dans le delta du Niger on aurait compté 6800 "fuites" entre 1976 et 2001 qui ont déversées des millions de litres de pétrole détruisant ainsi une grande partie de l'écosystème. Pire, ces marées noires à répétitions ont ruiné les habitants qui vivaient de l'exploitation des produits naturels, et la région est maintenant plongée dans un véritable chao où les bandes armées s'affrontent et où les enlèvements sont monnaie courante. Le personnel des compagnies pétrolières et leur famille en sont venus à vivre reclus dans des prisons dorées.
Je suis surpris que cet état de fait ne soulève pas l'indignation des mouvements écologistes. La marée noire du golfe du Mexique, bien qu'elle soit l'une des pire que le monde est connue, ne soulève finalement que très peu de protestations. Comme si finalement, la pollution engendrée par le pétrole était devenue un mal nécessaire intégrée dans le fonctionnement même de la société.
Je ne peux m'empêcher de faire le parallèle avec l'énergie nucléaire réputée dangereuse et représentant le mal absolu en terme d'écologie et dont le moindre incident entraine des torrents de protestations. Je me dis que finalement le fait que le nucléaire soit si mal perçu et qu'il présente un risque réel de détournement au profit d'applications militaires, sont paradoxalement les gages d'une très grande sureté. En effet, la pression des mouvements écologistes et celle des gouvernements a entrainé la mise en place de tout un ensemble de systèmes de contrôle qui empêchent de fait, les compagnies exploitantes de mettre la sécurité au second plan. En France l'Autorité de Sureté Nucléaire (ASN) a un pouvoir absolu et peu faire interrompre l'exploitation d'une centrale nucléaire si celle-ci ne présente pas des garanties de sécurité suffisantes. Au niveau de l'exploitation pétrolière, nulle ASN, nul contrôle approfondi, et qui voulez vous qui aille mettre son nez sur une installation située à 1500 m de profondeur sous la surface de la mer ?
Le réchauffement climatique allié à l'amélioration des techniques de forage va bientôt permettre d'accéder à de probables gigantesques réserves de pétroles et de gaz situées en Arctique. Les compagnies pétrolières et les états sont déjà dans les "starting blocks" pour s'emparer de cette manne. Ceci n'a aucun sens ; plus nous brulerons de pétrole et plus nous accélèrerons le réchauffement climatique et plus nous augmenterons le risque d'une catastrophe écologique majeure.
Le pire est qu'il ne semble y avoir aucun plan ! La catastrophe est annoncée, mais nous continuons sur notre lancée, les compagnies pétrolières ne se sont jamais aussi bien portées… Imaginez ; on parle d'un coût de 30 milliards de dollars pour la marée noire dans le golfe et BP frémit à peine ! Imaginez seulement l'effet d'un investissement bien ciblé de 30 milliards de dollars pour l'éducation des enfants du monde … on se dit parfois que l'argent est bien mal utilisé.
Ne vous leurrez pas, ce ne sont pas quelques éoliennes et quelques panneaux solaires installés sur le toit de vos maisons qui vont changer grand-chose. La seule solution est un investissement majeur dans la recherche et un contrôle très strict des états sur l'exploitation des énergies fossiles avec des lobbies écologistes suffisamment puissants pour éviter les dérives. Allez, rêvons… pourquoi ne pas confier à l'ONU le contrôle de l'énergie mondiale ?
Voir ici un article de "Courrier International" communiqué par mon amie Marie-Claire
Voir ici un article de "Courrier International" communiqué par mon amie Marie-Claire
Pas mal, p'tit frère. Je suis bien d'accord avec toi. A un bémol près, c'est que le pétrole a, lui aussi, bien des usages militaires. Mais, personne n'y pense. Et puis, on ne va tout de même pas se priver de sa petite voiture (d'ailleurs, seule la pluie m'a dissuadé de l'utiliser ce matin !).
RépondreSupprimerSi je voulais faire un peu de provoc, je dirais que ces fuites ne détruisent pas l'écosystème, mais le modifient. Rappelons-nous que ce n'est pas la planète qui est en danger, juste nous ! La vie s'accommode bien de températures et de pressions incroyables au fond des océans, ce n'est quand même pas un peu d'hydrocarbures qui va l'arrêter.
Je suis bien d'accord...
RépondreSupprimerEt comme le disait Jean-Pierre Luminet: "La Terre a la capacité, tel un chien, de secouer ses puces"
La marée noire se trouve actuellement dans les sources du golf stream, je ne serais pas surpris de voir arriver sur les côtes Européennes les premières galettes dès l'année prochaine. Par ailleurs, la fuite est loin d'être réglée: l'opération de la semaine consistait à remplacer l'entonnoir pour un plus gros qui fuit "un peu" moins (comprendre par là: récupérer 75% du pétrole au lieu de 66%.)
RépondreSupprimerL'Europe n'est pas en reste non plus en terme e risque, la mer du nord compte elle aussi son lot de plateforme pétrolières or les conditions de forage ne sont pas beaucoup plus clémentes.
Pour rester dans le domaine de l'énergie, que serait la recherche si on pouvait lui fournir 30 milliards d'Euro au développement des énergies renouvelables. Pour anecdote, le projet ITER (sur la fusion) pourtant quasi fondamental sur les perspectives de productions d'énergie dans 50 ans (si l'on ne souhaite pas modifier notre mode de vie), n'était originalement doté que de 10 milliards (aujourd'hui, 20 milliards) d'euro pour la durée des 40 ans du projet. D'ici là, quel sera le coût total des marées noires à venir.