samedi 5 mars 2011

Évolution

Bien que nous soyons loin d'en comprendre tous les mécanismes, nous savons maintenant que la vie a progressé par évolutions successives. De nouvelles fonctions sont apparues au cours du temps sous l'effet du hasard ; la plupart inutiles ou non viables ont disparu, d'autres au contraire, se révélant efficaces pour assurer la survie des espèces ont été gardées par Dame Nature pour conduire à l'ensemble de la biodiversité que nous connaissons aujourd'hui.  Ce mécanisme d'essais successifs et de sélection naturelle heurte parfois le sens commun, car il nous est très difficile, à nous autres êtres humains dotés d'une espérance de vie d'un peu moins de 100 ans, d'appréhender les échelles de temps de centaines de millions, voire de milliards d'années qui sont mises en jeu dans les processus d'évolution.

Et justement... je me demande quelle pourrait bien être l'étape qui suivra Homo sapiens ? En effet, sapiens est le dernier et seul survivant de la lignée des Homo, toutes les autres espèces s'étant éteintes. Il n'y a aucune raison particulière de supposer que l'homme moderne est un achèvement et que rien de mieux ou de plus adapté ne pourra exister. Ceci peut heurter notre morale judéo-chrétienne qui nous enseigne que Dieu nous a créés à son image et que par conséquent, nous sommes ce qui se fait de mieux dans le genre humain, juste en dessous de la catégorie divine, qui est par définition inaccessible. Quelle prétention !
Évolution de la population mondiale au cours du temps
Source Wikipedia
Force est de constater qu'avec sapiens, les processus naturels ont pris un sacré coup d'accélérateur. Jusqu'à présent, Dame Nature avait l'habitude de prendre son temps, les espèces apparaissaient de temps en temps, finalement sans grand impact sur le restant de la planète, d'autres moins adaptées ou victimes de cataclysmes naturels disparaissaient sans que cela ne porte vraiment à conséquence.  Pour la première fois dans l'histoire de la Terre, une espèce a conquis le monde, a commencé à exploiter la planète au point d'entamer de manière notable les ressources qu'elle recèle.  Pour la première fois, une espèce vivante est capable de modifier profondément son environnement au point de se mettre elle-même en danger. La courbe ci-dessus montre l'évolution de la population humaine au cours du temps. Il est évident que l'explosion de la croissance de la population au cours des 100 dernières années a un impact majeur sur la planète.

Quel avenir donc ? Soit sapiens continue dans cette voie, rompt les équilibres fragiles de la planète et finalement disparaît. Sapiens n'aura alors été qu'un infime détail dans l'histoire de la Terre et un non évènement dans l'histoire de l'Univers. La planète, elle, s'en remettra ; la grande machine géologique à recycler broiera les traces de notre passage, et peut-être que dans 10 ou 100 millions d'années une autre sorte d'être pensant arrivera, plus économe, plus consciente de sa propre fragilité et donc plus durable. Même si sapiens dure un peu plus longtemps et que dans sa fuite en avant pour tenter de survivre, il finit par détruire l'essentiel de la biodiversité avant de disparaitre, nul doute que la vie perdurera et qu'une nouvelle diversité surgira et s'adaptera à ce que sera devenue la Terre.

J'entrevois une autre possibilité ;  à partir d'un certain degré de conscience il est possible qu'une autre forme d'évolution apparaisse, sélectionnant les formes d'intelligence les plus susceptibles de garantir la survie de l'espèce. Ce processus d'adaptation serait alors beaucoup plus rapide que les mécanismes de sélection biologique et permettrait de compenser la tendance humaine à l'autodestruction. Cette idée est finalement très proche du concept "d'hominescence", élégant néologisme inventé par le philosophe Michel Serres qui fait référence à l'émergence d'une nouvelle conscience humaine forgée par nos nouveaux rapports au monde qui nous entoure ainsi que par les avancées technologiques et scientifiques. Le fait de disposer de technologies permettant de balayer toute forme de vie de la surface de la Terre doit d'une certaine manière contribuer à nous rendre plus intelligents et plus tolérants... sous peine de mort !

À la limite, la maitrise de la génétique peut conduire l'humanité à bloquer le processus d'évolution naturelle, puisque toute déviance par rapport à une norme établie pourra être corrigée par une manipulation ou une thérapie génique. Si tel est le cas, cela veut dire que contrairement à ce que je disais plus haut,  sapiens est bien le niveau ultime de l'évolution biologique et que toute avancée future de l'espèce humaine ne pourra reposer que sur des mutations intellectuelles ou à la rigueur des mutations biologiques mais qui seront le fruit d'une planification consciente et non pas le résultat du hasard... Il y aura alors quelques problèmes éthiques à régler !

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