Le 5 janvier 2011 l'astronome amateur Koichi Itagaki (attention page en italien - passer par Google traduction) a observé l'apparition d'une nouvelle étoile sur les images numériques prises à l'aide de son observatoire personnel. Il faut dire que cet agriculteur japonais n'en est pas à sa première trouvaille astronomique, puisqu'il a à son actif la découverte de 66 supernovae et de 3 comètes ! Certes le matériel dont il dispose est impressionnant, mais c'est bien un amateur, passionné du ciel et il a été plus prompt à faire cette découverte que tous les grands programmes professionnels de surveillance systématique du ciel.
L'image ci-dessous, réalisée par Koichi Itagaki, montre la galaxie NGC2655 située dans la constellation de la Girafe à 3 dates successives. Le 2 janvier, il n'y a rien de particulier, le 5 on discerne à peine un petit point lumineux et le7 janvier aucun doute n'est possible le petit point est devenu une étoile bien brillante. Celle-ci étant proche de la galaxie NGC2655, il était très vraisemblable qu'il s'agissait d'une supernova, c'est-à-dire de la manifestation de l'explosion cataclysmique d'une étoile.
Série d'images de la galaxie NGC2655 montrant l'apparition de la supernova (copyright Koichi Itagaki) |
Les télescopes professionnels ont rapidement confirmé la découverte et un suivi systématique de l'évolution du phénomène a été entrepris par les professionnels et les amateurs. L'intensité lumineuse de la supernova qui augmentait régulièrement les premiers jours, semblent maintenant se stabiliser. Je n'ai pas pu trouver de références professionnelles mais il semble bien que le spectre, c'est-à-dire l'ensemble des différentes longueurs d'ondes qui composent la lumière de la supernova, ne contient pas les raies caractéristiques de la présence d'hydrogène. Ceci est typique d'une supernova de type 1A formée lorsque dans un système binaire composée d'une naine blanche et d'une étoile géante, la naine blanche qui accrête la matière provenant de sa compagne finit par dépasser un seuil de masse qui provoque un échauffement très important de l'étoile qui engendre la fusion thermonucléaire du carbone puis de l'oxygène. Ces processus se produisent en quelques secondes et l'étoile explose littéralement, dispersant dans l'espace quantité d'éléments lourds. L'énergie libérée est gigantesque, au point que la supernova devient aussi brillante que des milliards de soleils.
L'image ci-dessous a été prise par mes soins le 23 janvier, on voit que la supernova est quasiment aussi lumineuse que le cœur de la galaxie qui l'héberge.
Les autres étoiles visibles sur l'image sont situées dans notre propre galaxie et sont donc très proches de nous à l'échelle cosmique. La supernova baptisée SN2011B est quant à elle, située à environ 60 millions d'années-lumière de la Terre. Ceci signifie que l'explosion s'est produite il y a 60 millions d'années et la lumière ne nous arrive que maintenant. Pour comparaison, Il y a 60 millions d'année, la Terre traversait l'époque du Paléocène et voyait naitre ses tout premiers primates. Inutile de dire qu'avec l'énergie dégagée, s'il y avait de la vie dans un rayon de quelques années-lumière autour de la supernova, celle-ci a dû être balayée instantanément. On a donc affaire à un évènement réellement cataclysmique, mais c'est aussi grâce à eux que les éléments lourds sont synthétisés et que ceux-ci se retrouveront un jour déposés sur quelques planètes lointaines afin de faire vivre quelques êtres intelligents ou censés l'être... C'est ce phénomène qui a fait dire à l'astrophysicien Hubert Reeves que nous sommes "poussières d'étoiles".
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