dimanche 8 mai 2011

Aneyoshi

Les Tsunamis au Japon ne datent pas d'hier. Plusieurs médias (par exemple ici ) ont parlé récemment des stèles érigés par les anciens à la suite de tsunamis meurtriers. Je n'ai pas pu trouver la traduction complète,  mais celle d'Aneyoshi  située dans la zone ou le ras de marée de mars dernier  a frappé les côtes du Japon, met très clairement en garde les générations futures contre les dangers des tsunamis et les invitent à ne pas construire leurs habitations en deçà de la stèle. Elle indiquerait par ailleurs que "les constructions situées en hauteurs assurerons la paix et le bonheur de nos descendants ". La vague de mars 2011 a bien frappé Aneyoshi, mais les habitants s'étant toujours conformé aux recommandations de la pierre, aucune victime ne fut à déplorer. Bien d'autres pierres à tsunami existent au Japon, mais bien sûr la plupart sont tombées dans l'oubli ou leur message a été ignoré depuis fort longtemps. J'imagine bien quelques vieux sages japonais se rappelant du tsunami de 1933 et criant au fou de vouloir braver la nature et de construire une centrale nucléaire si proche de la grève.
La stèle d'Aneyoshi - Photographie: Ko Sasaki for the New York Times
On peut rapprocher cela des nombreuses histoires d'anciens mettant en garde contre des constructions trop proche de telle ou telle rivière ou de tel ou tel couloir d'avalanche. Je me souviens de ma mère nous racontant l'avalanche qui avait balayé des maisons nouvellement implantées à flanc de montagne lors de la construction du barrage de Tignes en Savoie. Les anciens de la vallée savaient parait-il fort bien que l'avalanche était déjà passé par là et qu'elle y reviendrait un jour.

Et nous, quelles stèles allons nous laisser aux générations futures ? Des sites d'enfouissement de déchets nucléaires à vie longue vont bientôt voir le jour ; seule façon connue actuellement de mettre hors d'atteinte nos déchets les plus radioactifs. Les constructeurs de ces sites se posent  à juste titre la question de savoir comment prévenir nos descendants dans 50 000 ou 100 000 ans que ces endroits sont hautement dangereux et qu'ils ne doivent sous aucun prétexte y pénétrer à moins de disposer de la technologie suffisante pour traiter les déchets. Imaginons par exemple que notre belle civilisation s'écroule et que dans quelques dizaines de milliers d'années des Hommes n'imaginant même plus ce qu'est un atome, tombe par hasard sur ces galeries souterraines. Comment leur faire comprendre de rebrousser chemin ? Le célèbre tableau "Le Cri" d'Edvard Munch sert parait-il de base de réflexion pour imaginer un graphisme qui inspire la terreur et indique que le lieu est malsain.

J'imagine que le même type de stèle devra être installé autour des sarcophages de Tchernobyl, de Fukushima et de tous les autres qui ne manqueront probablement pas de surgir aux quatre coins du monde dans les prochaines décennies. Les pictogrammes utilisés voudront probablement dire quelque chose du genre : "Peuple de la Terre n'approchez pas de ces lieux maudits avant 100 000 ans et rappelez vous de rester humble fasse à  la nature".


Si quelqu'un possède la traduction complète de l'inscription sur la pierre, je suis preneur.

3 commentaires:

  1. L'enfouissement des déchets à Onkalo est à la fois une chose épatante et effrayante.

    ***
    La part épatante est qu'il s'agit de la première fois que j'entends parler d'un projet concret dont la vision porte sur un tel long terme: 100'000 ans.
    La seul fois où j'eu entendu d'un projet très long terme fut la vision de certains rois de France de créer des futaies (plantations de chênes) pour assurer pendant 500 ans l'approvisionnement en matières premières pour construction les forces navales françaises.
    Depuis, nos bateaux sont en acier mais 30 à 40% des chênes d'Europe poussent en France.


    La durée du chantier est-elle même étonnante, il est aujourd'hui rare (unique ?) d'entreprendre des chantiers sur une telle durée pour une structure qui sera inutilisable avant d'être achevée (à l'image de certaines cathédrales qui ont mis plus de 100 ans pour sortir de terre).

    ***
    La part effrayante dans tout cela est que la Finlande envisage sérieusement la possibilité que l'on ne saura jamais traiter ces déchets (pour les recycler ou les rendre inoffensifs). En bref, elle prépare les 3'000 à 5'000 générations futures à l'impact significatif que nos actions d'aujourd'hui pourrait avoir sur elle. A titre d'échelle, les premiers hommes s'étant implantés en Finlande le firent il y a moins de 10'000 ans.
    Dans un certains sens on ne dira plus "je te maudit sur 13 générations", mais "je t'offre ce bloc de Césium 137 en signe de ma gratitude pour les 5000 prochaines générations."

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  2. Partant du principe que, 50 ou 100 000 ans plus tard, plus personne ne sait exactement ce qui se trouve enfouit dans de tels sites, la difficulté est de signaler le caractère interdit de l'endroit sans pour autant susciter la curiosité et la convoitise. Plus près de nous, il suffit de voir comment les légendes et malédictions entourant les pyramides d'Égypte et autres lieux mythiques ne nous ont pas empêché de les explorer. En un sens, c'est un point positif pour l'espèce humaine, même si on ne pourra pas en dire autant des malheureux qui iront s'aventurer en de tels endroits condamnés...
    À ce sujet, une très intéressante étude, encore accessible grâce à Internet Archive : http://replay.web.archive.org/20011102092314/http://www.halcyon.com/blackbox/hw/wipp/wipp.html

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  3. @Gaël: C'est en effet bien dommage que le seul projet qui porte sur le très long terme soit destiné à stocker nos déchets.

    @ianux: Merci pour ce lien qui est vraiment très intéressant.

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